« Le rire peut aussi faire vivre, on me paye pour ce que je fais, la matière première ne coûte rien. Je peux même dire que depuis quinze ans je gère une affaire profitable (qui rapporte) qui n’a qu’un employé », se confessait Mardale le 28 mai 2005.

On évite la langue bien affilée de sa plume, surtout quand on fait partie de la classe politique. Que l’on soit au pouvoir ou dans l’opposition, le moindre écart fait l’objet (devient le sujet) d’une caricature signée Mardale le mercredi suivant.
Le trajet du trait, presque continu, glisse d’un bout à l’autre de la page d’une seule haleine en sorte qu’il semble tracé d’un seul mouvement, mais ne raconte pas tout, le reste, la conclusion arrive avec (en même temps que) le texte, un vrai coup de tonnerre, avec des nuances parfois licencieuses, malicieuses, d’autres fois si cuisantes (caustiques) qu’il te donne la chair de poule.
L’artiste a une prédilection pour les sujets brûlants, de dernière heure, qui relèvent de la réalité politique, économique, sociale ou culturelle et plus d’une fois la critique virulente et insistante de Mardale a conduit (poussé) à la démission ministres, maires, ambassadeurs et bien d’autres.
Quand tu dis « Catavencu », le nom de Mardale te vient à l’esprit, chaque mercredi l’hebdomadaire est attendu avec impatience (une expression), il se vend comme le pain chaud ( ? expression), on le lit d’un trait, tout un chacun sait que dans ses pages « quelqu’un » a le « tort » (se rend coupable) de décrire les situations exactement comme elles sont, que les protagonistes sont mis le nez au mur au grand plaisir des lecteurs, sous la forme d’un dessin candide qui fait froid dans le dos…

En 1991, sous la houlette du poète et ancien dissident Mircea Dinescu une équipe d’humoristes, d’écrivains, de journalistes, ont décidé de lancer un journal satirique à la manière du Canard enchaîné, qui tire à boulets rouges sur l’ensemble de la classe politique et dont la future page Internet s’ouvrira par le slogan : Liberté, Prospérité, Publicité ! Ils ne tarderont pas d’imposer sur le marché leurs propres trouvailles stéréotypées pour épingler les hommes politiques en surnommant le Président  Ion Iliescu « Nelu Cotrocelu » (Nelu : diminutif de Ion, à Cotroceni se trouvant le palais présidentiel) ou encore « Bunicuta », Grand-Mère, le Premier ministre Adrian Nastase « Bombonel », Petit Bombon, en raison de son aspect poupon et de sa prétendue homosexualité, le maire de la capitale, ancien capitaine de bateau et futur président de la République Traian Basescu « Popey marinarul », le marin, le Premier ministre qui a précédé A. Nastase, Nicolae Vacaroiu, « Votcaroiu » ou « Saniuta », parce que grand buveur, Saniuta étant une marque de vodka bon marché, le sénateur du parti d’Iliescu, Serban Mihailescu, dont le nom est lié à de nombreuses affaires de corruption, « Miki Spaga », le Bakchich.

Le titre du journal vient d’un personnage de la très populaire comédie Une lettre perdue écrite en 1883 par Ion Luca Caragiale, un auteur culte en Roumanie en raison de ses charges critiques. Il s’agit de Nae Catavencu, le prototype du démagogue politique, qui se sert de son journal le Rougissement des Carpates pour exercer le chantage contre ses adversaires menacés de la publication d’une lettre compromettante s’il n’était pas élu député.

Né à Bucarest en 1960, diplômé des Arts Déco, Octav Mardale fréquente assidûment l’Académie Catavencu depuis sa fondation mais son activités graphiques ne se limitent pas aux caricatures qui paraissent dans l’hebdomadaire.